L'histoire de Chamaret en détails...

Le site de Chamaret fut occupé dès la préhistoire, à l’époque gallo-romaine et paléochrétienne, comme en témoignent les outils, sépultures, poteries et monnaies découvertes sur place et entreposés au Musée archéologique du Pègue. (Voir tableau en bas de page)

 

Les écrits mentionnent la commune de Chamaret actuelle à partir du XIIe siècle. Le village se développe autour du château, possédé conjointement par la puissante mais divisée famille des Chamaret.

A partir de 1254, l'histoire de la commune s'orchestre autour du conflit opposant pour la possession de la seigneurie, la famille des Adhémar de Grignan et les évêques de Saint-Paul-Trois-Châteaux. La famille Adhémar va rapidement devenir maîtresse de nombreuses seigneuries du Tricastin telles que La-Garde-Adhémar, Clansayes, Montségur sur Lauzon, Grignan, Chantemerle-lès-Grignan, Salles-sous-bois...

Cependant, les évêques de Saint-Paul s'implantent à Chamaret en 1180 et tiennent le territoire jusqu'à la fin du XVe siècle. C'est durant cette période que le village tel que nous le connaissons se développe.

 

Le nom "Chamaret" apparaît pour la première fois dans un texte médiéval datant du début du XIIe siècle et portant le nom Récapitulation des acquisitions faites, au profit de son évêché par l'évêque Rostan, évêque de Vaison-la-Romaine. Le premier seigneur de la commune y est cité, son nom est Dodon de Chamaret, Dodonis Camareti.

 

Chamaret restera longtemps une source de rivalité entre les évêques de Saint-Paul et la famille des Adhémar. Ces derniers prennent possession complète de la commune et de sa forteresse en 1506. C'est à ce moment là que le donjon d'Amalric devient le Pigeonnier d'aujourd'hui. 

 

Il suffira à la famille Adhémar de quelques années pour démanteler les fortifications du village et laisser à l'abandon le site de la tour. Le lieu va subir peu à peu une lente dégradation : Les murs du château vont commencer à s'écrouler, la chapelle castrale est démantelée...

En 1736, le compte de Muy achète tout le Comté de Grignan, ainsi, le château et la commune de Chamaret restent aux mains de cette famille jusqu'à la Révolution Française. Le lieu tombe en ruines après les événements politiques.

Une première restauration partielle est effectuée grâce à un don généreux à la commune de la part d'un habitant de Chamaret : Xavier Sylvestre. La tour fut remise en état et la plateforme rocheuse est consolidée par un mur de soutènement. On construit également un escalier intérieur, surmonté d'un clocher selon le voeu du testataire. 

A la suite de l'inscription du site à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1992, une opération d'archéologie préventive est effectuée sur le "Pigeonnier", en même temps que la restauration de l'édifice par la commune.

Aujourd'hui, le site est ouvert au public pour la visite. L'Association de Sauvegarde de la Tour de Chamaret (ASTC) est l'actrice principale de sa conservation et de sa promotion patrimoniale.


Carte postale datée de 1872 présentant les deux donjons
Carte postale datée de 1872 présentant les deux donjons

L'appartenance de la commune de chamaret avant la construction de la Tour

Il est intéressant de se pencher sur les différentes civilisations ayant vécu sur la commune de Chamaret telle que nous la connaissons aujourd'hui, et ce notamment pour expliquer les différents vestiges et le mobilier archéologique se trouvant sur le site de la Tour ainsi qu'au Musée archéologique du Pègue.

Date Période historique Appartenance de la commune
 De -5000 à -2000 avant notre ère  Préhistoire Civilisations préhistoriques
De -2000 à -1800 avant notre ère Chalcolitique Civilisations protohistoriques

De -1800 à -750 avant notre ère

Âge du bronze //

De -750 à -500 avant notre ère

Premier âge du fer Tribus ligures

De -500 au 2ème siècle avant notre ère

Second âge du fer Occupation celte

Du 2ème siècle avant notre ère à 480

Gallo-romaine Empire romain

De 480 à 536

Burgonde Royaume Burgonde

De 536 à 751

Mérovingienne Royaume franc

De 751 à 843

Carolingienne Empire des Francs

De 843 à 855

// Francie médiane

De 855 à 879

// Royaume de Provence

De 879 à 928

// Royaume de Provence-Bourgogne

De 928 à 987

// Royaume d'Arles et de Vienne

De 987 à 1032

Capétienne //

A partir de 1032

// Empire germanique

Ces différentes périodes ont pu être déterminé grâce aux écrits de Jean Boissier sur la commune et son patrimoine. Le trapetum étant installé aux pieds de la Tour est ainsi le témoin des siècles d'Histoire passés à Chamaret. 

 

Se référer à l'ouvrage écrit de Jean Boissier, Histoire de Chamaret disponible à la lecture et la vente à la Tour.

Trapetum de Chamaret
Trapetum de Chamaret

Chamaret au XVIIIe et XIXe siècles...

Chamaret n’est guère riche et souffre de la proximité de Grignan.

Le territoire n'offre guère que la pierre du plateau du Rouvergue, dite  "pierre de Chamaret", utilisée très tôt jusqu'à la fin du 19e siècle pour la construction; les carriers composaient une partie de la population. 

Le calcaire sert aussi à la production de chaux grasse : plusieurs fours à chaux qui ont fonctionné jusqu'au début du 20e siècle. 

En dehors de ces métiers, la population essentiellement agricole, vivait de polyculture (céréales, légumes, vigne) et d'élevage, mais il n'y avait pas de moulin à farine sous l'Ancien Régime ; l'élevage du ver à soie offrait un complément de ressources et alimentait, au début du 18e siècle, le moulinage Barthélemy dont l'activité a cessé en 1752. 

 

Sous la Révolution Française, Chamaret prend le nom de Chamaret-le-Maigre, ce qui témoigne bien de la pauvreté du territoire ; en 1793, les "paluds" communaux, marécages asséchés, sont partagés entre les habitants qui y plantent des légumes et surtout des haricots : la première récolte est à l'origine de la "fête des haricots", fête populaire toujours vivante et célébrée le 24 août chaque année. 

 

Le 19e siècle est, pour la commune, une période de prospérité : l'exploitation de la pierre atteint son apogée en se développant industriellement.

De même, à l'instar des communes environnantes, l'activité de la soie est relancée avec des proportions industrielles : créée en 1822 par M. Bérenger, maire, l'usine de soie de Fontjeugne, qui s'est agrandie jusqu'en 1895, comprenait moulinage et filature. Non loin était installé un moulin à farine, et, en 1845, Lazare Martin établissait une mégisserie tannerie.  Au milieu du 19e siècle, il y a peu de commerces, mais on compte cinq cafetiers ou hôteliers. 

Cette prospérité est perceptible dans l'évolution démographique : la population qui était de 420 habitants en 1790 et de 355 en 1800, monte à 635 en 1866 et reste à peu près stable jusqu'à la fin du 19e siècle.

A la fin du 19e siècle, Xavier Sylvestre, habitant de Chamaret, fait un important legs à la commune, qui permet de restaurer la Tour, de construire la mairie-école en 1900 et un lavoir public en 1905. 

 

Au début du XXème siècle, en 1907 jusqu’en 1927, la ligne de tramway Taulignan-Grignan-Chamaret passe dans la commune. (photo carte gare) 

La plupart des activités industrielles ont cessé avec la 1ère guerre mondiale, et l'agriculture a décliné peu à peu comme partout. La commune compte cependant une exploitation industrielle de cultures céréalières, des maraîchers, plusieurs viticulteurs, une chaudronnerie-tuyauterie et des artisans du bâtiment. Une station d'épuration a été récemment installée aux Evabres.